mardi 1 janvier 2008

MEILLEURS VOEUX DU BOUT DU MONDE


Il neige doucement sur Grand-Pré, berceau de l’Acadie. Tout est calme, paisible, gelé. Difficile d’imaginer que sur cette péninsule de l’est canadien, un peuple venu de France en 1604 fut déporté, que les lieux furent brûlés… En 1755, alors que des familles acadiennes étaient bien établies et prospéraient, une guerre qui faisait rage entre la France et l’Angleterre a bouleversé leur histoire. Lorsqu’on leur a demandé de prêter serment d’allégeance à la couronne britannique, les Acadiens ont répondu qu’ils ne pouvaient devenir ennemis de leurs cousins français. Cependant, ils étaient nés ici et ne connaissaient pas le pays de leurs ancêtres. Ils avaient gardé leur langue mais s’étaient adaptés à la vie nord-américaine, grâce aux Mi’kimaq. Les soldats anglais leur refusèrent la neutralité et les déportèrent. Jetées sur des bateaux, les familles furent souvent séparées dans la cohue. Les maisons furent brûlées. Il ne resterait rien, afin de décourager le retour. C’était la fin de la première Acadie… Certains se cachèrent dans les bois et purent rester. Les déportés qui survécurent se retrouvèrent surtout dans différents états de l’est américain. Plusieurs familles réussirent à se regrouper après une errance dans un pays où on ne parlait pas français, sauf en Louisiane. Certains changèrent de nom pour trouver du travail. Ainsi, des Leblanc devinrent des White et ils s’acclimatèrent. De nombreux écrivains furent inspirés par cette histoire, notamment l’Américain Henry Longfellow, qui écrivit le poème Evangeline, qui a fait le tour du monde. Plus tard, certains Acadiens purent revenir dans une province qui s’appelait désormais Nova Scotia (Nouvelle-Écosse). Mais leurs terres étaient habitées par des Américains, des Planters de la Nouvelle-Angleterre à qui on avait promis des terres et des Loyalistes qui avaient fui pendant la guerre d’indépendance. Les Acadiens s’installèrent dans d’autres régions et se firent pêcheurs. La vie française reprit tant bien que mal mais il n’y a encore aujourd’hui que 5% de francophones ici (45% au Nouveau-Brunswick). Les Acadiens de la fin du 19è siècle se dotèrent d’une fête, d’un hymne national et d’un drapeau. La langue survécut grâce aux contes et chansons. Des institutions, associations, écoles, médias furent créées au fil du temps. Le Site Historique National du Canada de Grand-Pré est à deux pas de chez moi. Antonine Maillet parle de la Grand’Prée dans Pélagie la Charrette (prix Goncourt 1979). Le nom devrait en effet être au féminin, car une prée est un vieux mot qui désigne une zone de bord de mer comme on en trouve au Poitou, d’où sont venus bien des pionniers. Aujourd’hui, de nombreux Acadiens de la diaspora ont perdu leur langue mais ils n’ont pas vendu leur âme. Ils visitent les terres ancestrales pour comprendre qui ils sont vraiment. Ils viennent chercher une poignée de terre ou tout simplement fouler les lieux et se recueillir.Au milieu du parc, l’église St Charles a été construite à l’emplacement de celle d’origine, entourée de vieux saules. Il neige doucement, le silence recouvre la vie du passé et offre une nouvelle page sur laquelle écrire l’avenir. Que la nouvelle année soit à cette image, invitante d’histoires nouvelles.
Martine L. Jacquot, briarde d’Acadie

1 commentaire:

PairsAnciens-PairsNouveaux a dit…

Etant Quebecoise, ce message m'a beaucoup touchee, ca me rappelle la devise du Quebec, "Je me Souviens".

On ne parle pas beaucoup au Canada, des pendus a Montreal au pied du courant. Pourtant le cineastres Quebecois Pierre Falardeau en a fait un film qui pour nous francophones Quebecois est tres penible a regarder.

Il a fait un film sur les patriotes, qui tenait tete aux anglais et a leur tete y il avait le chevalier Delormier.

Vouloir rester francophone a tout prix, les "Canadiens Francais" comme on les appelaient a l'epoque, ont verser leur sang pour cette langue. Et encore aujourd'hui la bataille contre les anglais n'est pas terminee au Quebec. Ce n'est pas une guerre de cent ans, mais bien une guerre de presque 400 ans, une guerre de mots, de manigances et de coups bas.

Et comme la exclamee le general de Gaulle, lors de sa visite au Quebec " Vive le Quebec libre".