dimanche 1 novembre 2020

 Malgré le confinement, les activités de l'ALEC ne s'interrompent pas. 

En juin le livre de Gertrud Fürst, Quand on n'est qu'une femme, est paru à ALEC éditions. commande possible à ALEC éditions, 65 avenue E. Gourdon, Ozoir la Ferrière 77330, alecozoir@gmail.com ou chez l'autrice.


Deux ateliers d'écriture ont eu lieu en septembre et en octobre.

Deux Tables rondes lectures, de même, des échanges de livres dans notre bibliothèque... et des rapports humains et culturels tellement enrichissants.

Le bulletin n° 81 vient de paraître, toujours aussi riche de textes, de critiques de livres, de poésies, et de bonne humeur !

Alors, malgré le manque de temps qui laisse ce site peu à jour, vous pouvez à tout moment vous informer et nous rejoindre : alecozoir@gmail.com

mercredi 4 mars 2020

Table ronde lecture autour des livres d'Amélie Nothomb

Mardi 11 février, très riche présentation des romans d'Amélie Nothomb, par Christine D. (Extraits)
Fabienne Claire Nothomb dont le nom de plume est Amélie Nothomb, est née le 9 juillet 1966 en Belgique, à Etterbeek dans la région de Bruxelles. (Dans sa biographie romancée elle serait née le 13 août 1967 au Japon, dans la ville de Kobe, dans la région du Kansai.). Très jeune elle ressent le besoin vital d’écrire. Elle revient au Japon de1988 à 1991 car ce pays la fascine.
C’est en 1992 qu’a démarré sa carrière officielle d’écrivain, avec la publication de son premier roman : Hygiène de l’assassin. Elle a ensuite écrit de nombreux romans, une seule pièce de théâtre « Les Combustibles » et plusieurs contes et nouvelles. Ses écrits autobiographiques ou de fiction sont traduits dans quarante langues. En réalité, elle écrit trois à quatre romans par an mais un seul est publié tous les ans aux éditions Albin Michel. Ses œuvres sont courtes, surprenantes et invitent à la réflexion sur la condition humaine. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires et elle dit vivre « une grande histoire d’amour avec ses lecteurs » dont elle reçoit de nombreux courriers auxquels elle prend le temps de répondre. Certains livres ont été transposés au cinéma comme Stupeur et Tremblements, grand prix 1999 du roman de l’Académie Française. (photo wikipedia 2009)
Amélie Nothomb 14 mars 2009.jpg

L’univers littéraire d’Amélie Nothomb : Les titres étranges de ses romans accompagnés d’une photo du visage expressif d’Amélie Nothomb sont d’emblée une invitation à la lecture (Hygiène de l’assassin, Acide sulfurique, Métaphysique des tubes…) La situation narrative de départ est embarrassante, étouffante (dans Les Combustibles un confinement dans une froide bibliothèque pendant un état de siège, dans Mercure une jeune femme ignorant sa beauté séquestrée sur une île par un vieillard…) Les personnages peu nombreux sont extraordinaires, décrits minutieusement, vivant en huis-clos, martyres et bourreaux à la fois. Leurs prénoms et noms sont souvent rares, invraisemblables (Epiphane Otos, Énide, Honorat, Zdena) Ils peuvent être choisis en fonction du son et du sens  (Melvin Mapple  équivaut à « Melvin m’appelle », dans Prétextat Tach  on entend « prétexte à tache »). Certains prénoms classiques sont empruntés à la littérature comme Adèle, Léopoldine… Le prénom atypique permet aux personnages de se distinguer de la masse, d’affirmer leurs caractères exceptionnels. La question de l’identité et de la reconnaissance est posée. Le cadre spatio-temporel est particulier. Amélie Nothomb invente des noms de lieux symboliques : par exemple, Nœud et Mortes-Frontières dans Mercure représentent un port et une île imaginaires où se trame une sombre machination. Le lecteur ne situe pas l’époque dans la plupart des romans car les sujets évoqués sont intemporels, touchant aux angoisses humaines ou au sacré. Quelques descriptions de paysages et de traditions de pays réels traversés par l’écrivaine figurent dans les récits autobiographiques avec des repères chronologiques historiques, en particulier pour le Japon. Les thèmes récurrents sont le Japon, la beauté et la laideur, l’amour et la haine, le bien et le mal, la vérité et le mensonge, la faim et la soif, Dieu et Jésus, le métier de l’écrivain et sa relation avec le lecteur. La condition humaine est explorée dans sa complexité. La beauté et la laideur physiques ont un tel pouvoir de fascination qu’ils sont des points de départ à des histoires extravagantes. A travers des péripéties incroyables racontées comme des intrigues policières qui tiennent le lecteur en haleine, l’amour fou conduit au mensonge, à la jalousie, à la misanthropie, au meurtre, au suicide. Les personnages féminins surtout se distinguent par leur grande beauté physique, leur grâce, leur minceur, leur délicatesse (comme Hazel dans Mercure ou Léopoldine dans Hygiène de l’assassin…) Mais la beauté physique n’est pas forcément le reflet d’une belle âme, par exemple quand il s’agit d’absence d’amour parental comme dans Frappe toi le cœur et Les prénoms épicènes. La laideur physique très bien décrite elle aussi (comme celle d’Epiphane Otos dans Attentat ou celle de Prétextat vieux et obèse dans Hygiène de l’assassin) ne correspond pas toujours à la noirceur de l’âme (Déodat le gentil surdoué en est un exemple dans Riquet à la Houppe). Lorsque la beauté est absente, une manière de se valoriser est la maîtrise du langage (ainsi Prétextat et Nina la journaliste se livrent avec talent à une longue joute oratoire sans pitié dans Hygiène de l’assassin) ou de l’écriture (Melvin Mapple dont l’obésité est monstrueuse rédige des lettres pathétiques à l’écrivaine dans Une forme de vie). La préoccupation pour le corps, la quête identitaire, le droit à la différence, la contagion de la folie de l’amour paroxystique sont prépondérants. L’auteure n’hésite pas aussi à revisiter certains contes comme Barbe Bleue, Riquet à La Houppe .En 2019, elle imagine le monologue intérieur de Jésus pendant son procès et  sa crucifixion dans Soif «  le roman de sa vie »qui n’a pas obtenu le prix Goncourt. Les angoisses primaires comme le froid, la faim et la soif apparaissent souvent liées aux angoisses métaphysiques, à la faim et à la soif d’absolu. Certains de ses personnages, comme elle, se prennent pour Dieu ou pour Jésus ou se posent en martyres. Dans son œuvre, l’écriture est une forme de vie, un partage, une sorte de thérapie où vérités et mensonges se mêlent. Le lecteur plonge dans l’intériorité du personnage grâce à de nombreux détails, à des dialogues incisifs, à des monologues intérieurs. Amélie Nothomb maîtrise l’art du dialogue, invente des mots, utilise des registres de langues variés avec un savant mélange sublime, poétique, familier, grossier, humoristique, poétique. Le décalage entre niveaux de langue l’effet comique, parfois ironique. L’humour et l’autodérision sont fréquents. Les œuvres d’Amélie Nothomb sont donc destinées non seulement à nous divertir, mais aussi à stimuler notre intelligence et à nous plonger dans notre inconscient.